Philosophie de la sortie du nucléaire

Yoshiyuki SATO, Takumi TAGUCHI

このテクストは、佐藤嘉幸・田口卓臣『脱原発の哲学』(人文書院、2016年)の「結論」のフランス語版である。本書は、福島原発事故後の社会状況を分析しつつ、脱原発という現代社会にとって決定的に重要な問題を哲学的に基礎付けるものである。本書の目次、書評などを、以下のサイトで見ることができる。http://www.jimbunshoin.co.jp/book/b214457.html

Introduction pour les lecteurs français

Ce texte est une version française de la « Conclusion » de la Philosophie de la sortie du nucléaire (Jimbun-shoin, 2016) coécrite par Yoshiyuki SATO et Takumi TAGUCHI. Analysant la situation sociale post-catastrophe de Fukushima, cet ouvrage fonde philosophiquement la sortie du nucléaire en tant que problème crucial pour la société contemporaine. Le compte rendu de ce livre est disponible sur le site du Monde.

https://www.lemonde.fr/livres/article/2016/06/09/l-etat-l-ethique-et-fukushima_4944515_3260.html

1  L’idée de sortie du nucléaire et de « désirradiation »

    Dans la conclusion de notre livre en collaboration intitulée Philosophie de la sortie du nucléaire, nous avions traité de ces deux questions : comment pourrons-nous éviter notre irradiation dans un environnement contaminé après l’accident nucléaire de Fukushima-Daiichi ? Et par quels moyens pourrons-nous réaliser notre sortie du nucléaire pour construire une nouvelle société démocratique ?

    D’abord, nous traiterons de la première question, à savoir l’idée de « désirradiation », soit les pratiques pour diminuer l’irradiation autant que possible. Nous voudrions présenter trois angles d’approche.

    Premièrement, nous allons traiter de l’« imminence » d’une réflexion sur la sortie du nucléaire et la désirradiation après les catastrophes de Tchernobyl et de Fukushima. Pour ce faire, nous nous réfèrerons à deux grands philosophes du vingtième siècle : Hans Jonas, philosophe allemand, et Jacques Derrida, philosophe français.

    Deuxièmement, analysant les difficultés communes à l’ensemble des sinistrés du nucléaire, nous proposerons plusieurs voies possibles pour la désirradiation qui nous semblent efficaces.

    Troisièmement, nous constatons que la politique du « retour des réfugiés » dans le département de Fukushima promu par le gouvernement japonais est la cause principale gênant la réalisation des diverses voies pour la désirradiation. Par-là, nous analyserons et critiquerons la technique gouvernementale qui s’oriente vers des mesures de maintien de la population locale dans les zones irradiées.

1-1  L’« imminence » d’une réflexion sur la sortie du nucléaire et la « désirradiation » : Hans Jonas et Jacques Derrida

    Après l’expérience des deux événements catastrophiques de Tchernobyl et de Fukushima, l’éventualité d’une sortie du nucléaire nous apparaît de plus en plus comme une question à examiner conjointement au problème de la désirradiation. Ces deux thèmes ne relèvent plus du futur encore lointain tel qu’il est décrit dans la philosophie kantienne sous la notion d’« idée régulatrice ». Ils relèvent plutôt d’une obligation immédiate et immanente. Nous voudrions apporter un éclaircissement d’ordre philosophique sur le fait d’introduire un lien entre ces deux thèmes après Tchernobyl et Fukushima.

    Lisons, tout d’abord, Le Principe responsabilité (1979), l’un des principaux ouvrages de Hans Jonas. Dans cet ouvrage, Jonas insiste sur le fait qu’il faudrait un « nouvel impératif » différent de l’« éthique traditionnelle » : une nouvelle éthique qui puisse établir la « responsabilité envers les générations futures »[1].

    Le premier point notable dans Le Principe responsabilité de Jonas, c’est celui de progrès technique et scientifique. Selon lui, la technologie moderne tend à proliférer et s’accumuler d’une manière automatique sans n’être plus contrôlable par l’homme lui-même. A travers cette logique de l’automatisme de l’expansion technologique, le système de la technologie moderne paraît converger vers un seul objet exclusif : l’innovation technique. Dans un tel système semblent manquer le souci de la protection de l’environnement et celui de la préservation de l’être humain. Lors de son avertissement concernant la crise de l’homme causée par la technologie, Jonas faisait particulièrement référence à la manipulation génétique : cette technologie a commencé à faire beaucoup de progrès dans les années 1970. Mais, à nos yeux, la technologie du nucléaire est l’exemple typique d’une technologie moderne qui menace directement l’être humain tout en étant hors de son contrôle.

    Le deuxième point important consiste en la « discrimination structurelle » entre la génération actuelle et les générations futures. La « discrimination structurelle » n’est pas une expression de Jonas, mais est la nôtre. Cependant, il nous semble qu’à travers l’idée de « responsabilité envers les générations futures », Jonas faisait bien référence aux rapports asymétriques et irréversibles entre la génération actuelle et les générations futures. Selon Jonas, sans tenir compte de l’évidence de la menace de la technologie moderne sans cesse plus palpable, si l’on ne recourt qu’à l’« éthique traditionnelle » qui suit des principes de réciprocité et de simultanéité, on renforce et aggrave la structure discriminatoire entre « ceux qui existent » et « ceux qui n’existent pas encore ». Or, le système propre à l’énergie nucléaire génère inévitablement nombre de déchets radioactifs qui nécessitent une gestion durable. Plus on utilise cet équipement technologique pour les besoins de la génération actuelle en électricité, plus ces déchets s’accumulent, et plus les générations futures seront exposées aux risques de catastrophe. Bref, l’énergie nucléaire est un exemple symptomatique de ce qu’est la discrimination structurelle entre la génération actuelle et les générations futures.

    Le troisième point important, c’est sa critique de l’« idée régulatrice » de Kant. Selon Jonas, l’idée régulatrice kantienne n’est jamais un objet qui peut être accompli dans l’histoire humaine. Il s’agit plutôt d’une idée qui nous dirige à partir d’un futur infiniment éloigné : grâce à cette idée, nous agissons comme si elle pouvait être réalisée[2]. Or, l’éthique de Jonas se distingue nettement de celle de Kant. Car, pour Jonas, la menace de la technologie moderne se manifeste d’une manière catastrophique, tôt ou tard, dans un futur plus proche. En ce sens, l’éthique de Jonas est efficace pour critiquer le système de l’énergie nucléaire, qui abonde en risques de catastrophes et qui impose sans limite les déchets radioactifs aux générations futures.

    Cependant, maintenant que les deux catastrophes nucléaires à Tchernobyl et à Fukushima sont survenues, il ne nous est même plus utile de passer nécessairement par une réflexion sur une « possible catastrophe dans un futur éloigné » ni, non plus, par une réflexion sur la « responsabilité envers les générations futures ». Il nous faudrait plutôt conclure à l’« imminence » de la sortie du nucléaire et de la désirradiation dans la temporalité de l’« ici-maintenant ». Référons-nous, pour cela, aux Spectres de Marx (1993) de Jacques Derrida[3]. Dans cette œuvre, Derrida souligne l’« imminence » de la « démocratie à venir ». Pour Derrida, la « démocratie à venir » ne renvoie pas à une idée qui ne sera jamais réalisée et qui restera éternellement comme une « promesse ». Cette idée est comparable à l’« injonction politique », qui nous ordonne de réaliser la transformation sociale, tout en nous poussant à regarder en face les contradictions politiques du présent et l’indéterminabilité politique du futur. Nous interprétons donc l’« à venir » au sens fort du terme : « il faut faire advenir de manière imminente ».

    Nous arrivons ainsi à notre première conclusion : l’idée de sortie du nucléaire et de désirradiation n’est ni l’« idée régulatrice » (Kant), ni l’idée de « responsabilité envers les générations futures » (Jonas). C’est une idée « imminente » dans la temporalité de l’« ici-maintenant » (Derrida) après Tchernobyl et Fukushima. Et nous voudrions également insister sur le fait qu’il s’agit d’une idée réalisable, si nous faisons face à cette « imminence » et si nous entreprenons sérieusement les démarches nécessaires.

1-2  Défendre les moyens divers pour la « désirradiation »

    Pour approfondir notre réflexion sur la désirradiation dans la temporalité de l’« ici-maintenant », il est nécessaire de respecter le plus consciencieusement possible la condition des sinistrés. Nous voudrions proposer d’assurer les moyens divers pour la désirradiation qui conviennent pour chaque cas de sinistrés. Nous voudrions également proposer de leur mettre à disposition plusieurs choix de désirradiation, voire même d’élargir les choix possibles.

    Pour atteindre cet objectif, il nous faudrait tout d’abord bien comprendre la situation actuelle. D’après les recommandations de la CIPR (Commission Internationale de Protection Radiologique) publiées juste après l’accident nucléaire de Fukushima[4], le gouvernement japonais a décidé d’élever la dose maximale d’irradiation jusqu’à 20 mSv par an, alors qu’elle avait été fixée jusqu’alors à moins d’1 mSv par an. Suivant cette décision, le gouvernement avait ordonné l’évacuation aux habitants de Hama-dôri, très large région située près de la centrale nucléaire de Fukushima-Daiichi. La population évacuée en 2012 était environ 165.000 personnes. Pourtant, depuis le mars 2017, le gouvernement a commencé à imposer le retour, en revenant sur l’ordre d’évacuation, aux réfugiés venus des régions où la dose annuelle d’irradiation est estimée à moins de 20 mSv (la région actuelle de l’évacuation est d’environ un tiers par rapport à celle de l’année 2011)[5]. Cette politique du « retour des réfugiés », effectuée au moyen de la réorganisation de la zone d’évacuation obligatoire et de la suppression du dédommagement, divise en deux les sinistrés de la catastrophe de Fukushima.

    Tenant compte de cette situation, nous avons analysé, dans notre Philosophie de la sortie du nucléaire, les conditions particulières des sinistrés pour permettre de répertorier quatre catégories distinctes de sinistrés : les réfugiés contraints, les réfugiés volontaires, ceux qui restent à Fukushima, et ceux qui retournent à Fukushima. Nous ne les décrirons pas en détail ici. Mais nous voudrions insister sur le fait que ces quatre catégories de sinistrés comportent essentiellement des points communs, en ce sens qu’elles sont exposées aux dommages causés par la catastrophe industrielle et nucléaire de Fukushima.

  Premièrement, les sinistrés se sont tous retrouvés dépossédés des fondements du cadre de vie qu’ils se forgeaient au quotidien jusqu’au moment de la catastrophe. Ceux qui les ont privés de ces fondements sont non seulement TEPCO mais aussi le gouvernement japonais qui promouvait depuis déjà longtemps la politique de l’énergie nucléaire.

    Deuxièmement, l’indemnisation et le dédommagement attribués aux sinistrés sont gérés exclusivement par TEPCO et le gouvernement. Le fait que les prévenus potentiels décident le traitement compensatoire des victimes ne se justifie pas. Cependant, il nous faudrait remarquer qu’une telle situation n’est pas étrangère à l’histoire industrielle du Japon. Elle peut même être qualifiée de « normale » : citons l’exemple de la pollution des mines de cuivre d’Ashio et celui de la maladie de Minamata.

    Troisièmement, tous les sinistrés sont exposés aux formes variées de discrimination, se rapportant à la logique de l’État et du capital, celle qui se réfère toujours en priorité à la réduction du coût économico-social. Par exemple, elle se concrétise en formes suivantes :

    1) Construire des décharges pour les déchets radioactifs dans la région d’origine des réfugiés contraints. 

    2) Proposer différentes sommes d’indemnisation et de dédommagement entre les réfugiés contraints et les réfugiés volontaires, et susciter des divisions entre eux. 

    3) Susciter des divisions entre les réfugiés contraints en réorganisant la zone d’évacuation.

Toutes ces discordances entre les réfugiés contraints et volontaires renforcent et aggravent la discrimination structurelle immanente au système de la production énergétique nucléaire.

    Quatrièmement, la réalité des dommages subis par les sinistrés est toujours déniée par le gouvernement et TEPCO. Voilà maintenant plus de dix ans qu’a eu lieu la catastrophe de Fukushima, mais le gouvernement japonais n’a pas encore constitué un dossier détaillé sur les réfugiés ni sur les irradiés, dans le simple but d’occulter le bilan réel de leurs dommages. Comme nous le ferons remarquer plus tard, la politique du « retour des réfugiés » organisée par l’Agence de Reconstruction (Fukko-chô) est la conséquence inévitable de cette position du pouvoir exécutif.

    Ainsi, les sinistrés de l’accident nucléaire de Fukushima sont, depuis le début de cette affaire, privés de leurs fondements de vie d’origine à cause de la contamination radioactive grave. Notre proposition sur la désirradiation se présente comme une tentative pour restaurer les fondements de la vie quotidienne de l’ensemble des sinistrés et les droits de chacun. Autrement dit, pour défendre les moyens divers pour la désirradiation, il nous faudrait évidemment prendre en compte chaque cas de sinistrés et de respecter chacun de leur choix particulier.

    Suivant cette réflexion, nous pouvons ainsi aboutir à ces cinq constats :

    Premièrement, la politique du gouvernement aboutissant à arrêter les aides au logement pour les réfugiés volontaires (y compris les anciens réfugiés contraints qui ne veulent pas rentrer à la région d’origine) ne signifie rien d’autre qu’un abandon de son peuple. Les réfugiés volontaires seront ainsi dépouillés des fondements de leur vie quotidienne. Autrement dit, ils vont être contraints d’envisager leur retour sur les lieux où ils habitaient. Puisque l’accident nucléaire de Fukushima est une affaire de pollution industrielle, causée par la promotion étatique de l’énergie nucléaire, nous comprenons bien pourquoi le gouvernement japonais est responsable à titre principal de la vie des réfugiés volontaires.

    Deuxièmement, il nous faudrait élargir les choix et les opportunités laissées aux habitants, pour que ceux qui résident dans les régions contaminées puissent se soigner selon leur convenance à l’extérieur des régions concernées pendant quelque temps. Car, pour ceux qui devront continuer de vivre dans un environnement contaminé, pouvoir séjourner un certain laps de temps à l’extérieur est un préalable essentiel pour la désirradiation.

    Troisièmement, il nous faudrait systématiser la procédure pour mesurer la radioactivité en prenant en compte l’opinion des sinistrés. Autrement dit, les options diverses pour la désirradiation devraient être démocratiquement fixées suivant les caractéristiques des régions. Les options de désirradiation ne devraient pas être unilatéralement décidées par l’État. Elles devraient plutôt être fixées de manière démocratique suivant la conviction et l’accord des sinistrés.

    Quatrièmement, venons-en à clore définitivement les polémiques sur l’utilisation abusive du terme de décontamination. Il est vrai que la « décontamination » ne signifie que le déplacement des matières radioactives d’un lieu à un autre. Cependant, il est naturel de comprendre le désir des sinistrés de vouloir réduire même un tant soit peu le niveau de contamination de leur habitat et de leur milieu de vie. Cependant, la gestion de la décontamination par le gouvernement japonais est, dans la plupart des cas, déléguée à des entreprises extérieures aux régions contaminées. Bref, seule l’industrie des bâtiments et travaux publics du « centre » en tire profit. Cela illustre bien ce qu’est la discrimination structurelle de la société japonaise. Par conséquent, la gestion de la décontamination devrait être dirigée de sorte que les bénéfices soient consacrés pour le bien-être et l’autonomie des habitants des régions contaminées.

    Cinquièmement, il existe une antinomie fondamentale concernant l’installation de décharges publiques destinées aux déchets radioactifs. Pour bien saisir cette antinomie, examinons les deux thèses suivantes.

    1) Construire des décharges destinées aux déchets radioactifs dans la zone d’évacuation, c’est nuire encore davantage aux sinistrés qui sont déjà terriblement touchés par l’accident nucléaire de Fukushima.

    2) Construire des décharges destinées aux déchets radioactifs à l’extérieur de la zone d’évacuation, c’est aggraver les risques d’irradiation pour ceux qui étaient peu concernés jusque-là par la contamination liée à la catastrophe de Fukushima.

Malheureusement, il n’existe pas de solution définitive qui parvienne à concilier ces deux thèses antinomiques. Nous pourrions au moins insister sur le fait qu’il est éthiquement inadmissible de construire des décharges sans jamais prendre soin de recueillir l’avis des réfugiés contraints.

1-3  La critique de l’idéologie du « retour des réfugiés »

    L’Agence de Reconstruction développe une politique du « retour des réfugiés ». Cette politique s’avère être le plus grand obstacle pour permettre les moyens divers pour la désirradiation. Le gouvernement japonais vise non seulement à inciter le retour des réfugiés à Fukushima, mais aussi à réduire voire arrêter les aides nationales pour ces mêmes sinistrés. Cette politique étatique est appuyée par la technique gouvernementale qui se réfère en priorité à la réduction du coût économico-social. Suivant cette technique, l’État japonais essaie de réduire ou d’arrêter les aides ou les indemnités à ceux qui ont quitté volontairement Fukushima.

    Aujourd’hui, le gouvernement japonais renforce et aggrave cette politique du « retour des réfugiés » par le biais de l’atelier sur la « communication du risque » qui a été tenu à maintes reprises dans le département de Fukushima. D’après Cécile Asanuma-Brice[6], sociologue qui vit au Japon, la « communication du risque » désigne la propagande menée par le gouvernement et le département de Fukushima, suivant laquelle le « surplus de protection », le « port du masque », et les « restrictions d’usage des cours d’écoles, des piscines et des aliments » n’a pour effet que de causer inutilement du stress, des mesures qui seront plus dangereuses que les conséquences sanitaires de la contamination radioactive elles-mêmes. Cette propagande est développée non seulement par l’Université préfectorale de médicine de Fukushima mais aussi par les lobbies nucléaires internationaux : la CIPR, l’AIEA (Agence Internationale de l’Énergie Atomique), et l’UNSCEAR (United Nations Scientific Committee on the Effects of Atomic Radiation). Selon eux, protéger les irradiés de Fukushima serait une entreprise trop couteuse ; il faudrait gagner le « pari du coût-bénéfice », en renonçant aux options du « refuge ou [de] la migration d’une partie de la population » ; pour ce faire, il faudrait que les irradiés acceptent « ce nouvel élément qui fera désormais partie de leur quotidien : la contamination ». De plus, il est du devoir de l’État de leur offrir « un sentiment de sécurité » et de les guider à « l’autogestion du quotidien dans un environnement contaminé », tout en continuant de nier le choix de se déplacer dans une autre région pour y trouver refuge. Remarquons bien que tout ce discours se réfère au dispositif adopté par des lobbies nucléaires internationaux.

    Derrière ces témoignages, nous voyons la technique gouvernementale néolibérale qui se réfère en priorité à la réduction du coût économico-social, au mépris des conséquences sanitaires sur les habitants. En résumé, la « communication du risque » est une idéologie qui nie totalement la possibilité de trouver refuge dans une zone peu contaminée. A fortiori, la logique de « communication du risque » correspond bien à la politique étatique du « retour des réfugiés ». En ce sens, cette politique étatique est tout à fait opposée à notre idée de diversifier les moyens pour la désirradiation.

    L’idéologie du « retour des réfugiés » tente de supprimer les options diverses suivant lesquelles chaque individu pourrait suivre sa propre manière d’éviter les risques d’irradiation. Cette idéologie porte atteinte à la valeur de la vie humaine : elle sert à TEPCO et au gouvernement japonais pour dissimuler leur propre responsabilité dans l’accident nucléaire de Fukushima. Par conséquent, pour nous qui voudrions nous orienter vers la sortie du nucléaire et prendre en main la gestion du risque d’irradiation, la politique du gouvernement japonais représente le plus grand obstacle. 

2  La réalisation de la sortie du nucléaire et la démocratie

2-1  Comment réaliser la sortie du nucléaire ?

    Nous examinons dans ce qui suit l’exemple de l’Allemagne qui a décidé de sortir du nucléaire en 2022, et considérons comment le Japon devrait réaliser la sortie du nucléaire et quel type de démocratie il se devrait de mettre en place à travers la sortie du nucléaire.

    Si nous regardons l’histoire de l’Allemagne avant la décision de la sortie du nucléaire, nous pouvons comprendre les deux points suivants.

    En premier lieu, en Allemagne, les mouvements anti-nucléaires étaient déjà actifs depuis les années 1970 à cause de l’installation des armes nucléaires de l’OTAN : sous l’influence de ces mouvements anti-nucléaires puissants des années 1970, la justice a ordonné d’arrêter la construction des centrales nucléaires de Wyhl et de Brokdorf, et le gouvernement fédéral a abandonné le projet d’usine de retraitement de Gorleben. Les médias s’étaient également saisis de ce sujet depuis cette époque, et il existait aussi des groupes de scientifiques critiques du nucléaire (par exemple, Öko-Institut établi en 1977). Au Japon, à la même époque, l’installation de la centrale nucléaire était devenue difficile à cause des mouvements anti-nucléaires des citoyens, mais par contraste, dans les luttes juridiques, les citoyens anti-nucléaires ont perdu leurs procès contre la construction de la centrale d’Ikata malgré le soutien actif des scientifiques critiques.

    En deuxième lieu, le Parti vert, né dans les mouvements contre la construction de la centrale de Wyhl, détient une certaine influence en Allemagne, et sous l’influence de ce parti, le Parti social-démocrate et la Confédération allemande des syndicats, qui admettaient jusqu’alors l’énergie nucléaire, ont modifié leur position en faveur de la sortie du nucléaire. En 1998, la formation du gouvernement de coalition du Parti social-démocrate et du Parti vert a ouvert la voie à la sortie du nucléaire et à l’augmentation de l’énergie renouvelable, la réaction du gouvernement conservateur contre la sortie du nucléaire a été complètement marginalisée à cause de l’accident nucléaire de Fukushima et des mouvements anti-nucléaires qui ont suivi. En revanche, au Japon, si le Parti socialiste s’est déclaré, en 1972, contre l’énergie nucléaire et a soutenu les mouvements anti-nucléaires des citoyens, cette décision n’a pas influencé la politique nationale. En effet, en 1994, quand le Parti socialiste a formé, pour la première fois, un gouvernement de coalition avec le Parti libéral-démocrate, il a sacrifié ce principe en faveur de la « voie réaliste ». Le Parti démocrate fondé en 1998 a soutenu l’énergie nucléaire (et en faisait la promotion active depuis 2006) jusqu’à l’accident nucléaire de Fukushima.

    En somme, comme le dit Joachim Radkau, historien allemand, c’est grâce à l’« interaction » entre les mouvements des citoyens, les médias, la politique, l’administration, la justice et la science, que les mouvements anti-nucléaires allemands ont amené à la décision gouvernementale de sortir du nucléaire[7]. Cette situation est complètement différente de celle du Japon où les mouvements anti-nucléaires n’ont pas pu produire l’« interaction » à une échelle suffisamment grande entre les mouvements des citoyens et les autres acteurs.

    L’Allemagne a décidé de sortir du nucléaire après l’accident nucléaire de Fukushima avec l’accord de tous les partis, y compris les partis conservateurs, même s’il n’a pas eu d’accident nucléaire catastrophique comme celui du Japon. Il met en application le projet de réaliser la sortie du nucléaire avant l’année 2022 en supposant le passage lent du système de production énergétique. Par contre, le Japon, où s’est produit un accident nucléaire catastrophique, et où l’électricité était en quantité sans l’énergie nucléaire pour une période deux ans, doit immédiatement réaliser, selon nous, la sortie du nucléaire[8].

   Le Japon a introduit, en 2012, le système feed-in tariff comme l’Allemagne, ce qui a permis de promouvoir l’énergie renouvelable. En août 2015 (l’été correspond à la crête de demande d’électricité au Japon), grâce à la diffusion de l’énergie solaire et de l’économie d’électricité, le Japon a su se procurer suffisamment d’électricité sans dépendre de l’énergie nucléaire. Du point de vue de l’offre d’électricité, il n’est donc pas nécessaire de dépendre de l’énergie nucléaire.

    Cependant, pour réaliser la sortie du nucléaire, il faut trouver un levier politique. D’après un sondage de mars 2014, 77% des Japonais sont favorables à la sortie du nucléaire[9], mais le gouvernement du Parti libéral-démocrate continue toujours sa politique énergétique pro-nucléaire. Lors des élections, les débats sont toujours centrés sur les problèmes économiques, et la politique énergétique n’est jamais l’enjeu important de débats. Par conséquent, malgré la « volonté générale » (Rousseau) du peuple japonais, il est impossible de réaliser la sortie du nucléaire.

    Au Japon, il n’existe pas de parti écologique comme le Parti vert en Allemagne. En plus, le grand syndicat qui soutient les partis d’opposition, The Federation of Electric Power Related Industry Worker’s Unions of Japan, se réclame d’une politique pro-nucléaire. Le Parti libéral-démocrate, parti gouvernant, développe une politique pro-nucléaire apparente en s’associant au Ministère de l’économie, du commerce et de l’industrie (METI) et aux lobbies nucléaires (Genshiryoku-mura).

    Face à cette situation proprement japonaise (bien que partagée par de nombreux pays), nous proposons l’initiative populaire pour réaliser la sortie du nucléaire.

    Si la sortie du nucléaire est décidée par une initiative populaire, il faudra nationaliser toutes les centrales nucléaires, puisqu’il est difficile pour les compagnies d’électricité de décider par elles-mêmes le démantèlement nucléaire pour des raisons économiques. Bien sûr, il faudra aussi abandonner le projet du cycle du combustible nucléaire qui produit le plutonium.

    Pour réaliser la sortie du nucléaire et détruire le système d’assujettissement de la périphérie au centre que nous appelons « discrimination structurelle », il est nécessaire d’abolir le système de Dengen-sanpo (Trois lois sur l’électricité), c’est-à-dire, celui de la compensation économique pour les régions qui acceptent l’installation d’une centrale nucléaire, et de transformer ce système en « Taxe pour la sortie du nucléaire » utilisée pour la décontamination de la terre contaminée de l’accident nucléaire de Fukushima et le démantèlement de toutes les centrales nucléaires. Après l’accident catastrophique de Fukushima, le peuple japonais doit inévitablement assumer le frais du démantèlement de la centrale de Fukushima et celui de la décontamination de la terre contaminée, et pour cela, transformer le système de Dengen-sanpo en « Taxe pour la sortie du nucléaire ». L’utiliser pour la sortie du nucléaire nous paraît le moyen le plus raisonnable.

    A propos de l’initiative populaire, on peut la réaliser si le parlement adopte la « Loi de l’initiative populaire sur l’énergie nucléaire »[10]. La Constitution du Japon ne contient pas d’article sur l’initiative populaire, il est cependant possible de pratiquer le référendum consultatif qui n’a pas la contrainte juridique.

    Pour décider d’une politique aussi importante que la sortie du nucléaire, qui concerne le futur de toute la population, il est nécessaire de recourir à l’initiative populaire, car le problème de l’énergie nucléaire ne devient jamais l’enjeu important de débat lors des élections. En effet, ce problème n’est pas devenu l’enjeu principal des élections après l’accident nucléaire de Fukushima, puisque presque tous les partis, y compris le Parti libéral-démocrate pro-nucléaire, réclament la sortie du nucléaire ou la réduction de l’énergie nucléaire, de telle manière qu’il n’existe presque pas de différence apparente entre ces partis. Cependant, derrière les apparences, le Parti libéral-démocrate, parti au gouvernement, ne change jamais sa politique pro-nucléaire. Lors de l’élection parlementaire de décembre 2014, le Parti libéral-démocrate a promis qu’« il réduirait la dépendance de l’énergie nucléaire autant que possible ». Cependant, en juillet 2015, le METI a fixé le taux de l’énergie nucléaire de 2030 à 20-22% : ce chiffre signifie que le gouvernement redémarre toutes les centrales nucléaires, prolonge leur durée d’opération de 40 ans à 60 ans, et démarre aussi toutes les centrales nucléaires en construction, ce qui va dans la direction totalement opposée à celle du manifeste du Parti libéral-démocrate que nous venons de citer[11]. De ce point de vue, sous la gouvernementalité centralisée qui gouverne la population en s’appuyant sur la logique de l’État et du capital, que nous appelons la « démocratie contrôlée », il est presque impossible de réaliser la sortie du nucléaire.

    D’où notre proposition de recourir à une initiative populaire dans le système politique japonais afin d’introduire un élément de démocratie directe. L’initiative populaire permet à certain nombre de citoyens, par un nombre de signatures fixé à l’avance, de saisir le peuple par référendum afin qu’il statue sur une proposition de loi. D’autre part, le référendum appelle le peuple à exprimer une position sur une loi adoptée au parlement. L’initiative populaire est, pour ainsi dire, la démocratie d’en bas, et le référendum est la démocratie d’en haut. Nous proposons d’introduire seulement l’initiative populaire, puisque la démocratie d’en bas est plus importante pour nous que la proposition imposée d’en haut.

2-2  Quel type de société devons-nous réaliser à travers la sortie du nucléaire ?

    Comme nous l’avons écrit tout à l’heure, la sortie du nucléaire est le problème de la démocratie, et pour réaliser celle-là au Japon, il faut l’initiative populaire. Par le recours à l’initiative populaire combinée avec l’assemblée citoyenne délibérative et les mouvements citoyens, tous les votants étudieront et discuteront intensivement les problèmes de l’énergie nucléaire, ce qui réalisera une nouvelle forme de démocratie directe associée avec la démocratie délibérative. Hannah Arendt appelle ce type de démocratie « démocratie des conseils »[12].

    Quel type de société devons-nous alors réaliser à travers la sortie du nucléaire ? Ce qui est important, c’est d’abandonner le système de production énergétique massif, centralisé et non-démocratique pour établir un système de production énergétique décentralisé et démocratique. Une société qui favorise l’énergie nucléaire est une société centralisée comme la France où le système bureaucratique planifie et contrôle le système étatico-social depuis le centre. (Par contre, l’Allemagne est un État fédératif qui accorde une certaine autonomie à chaque Land, ce qui a permis d’établir la politique nucléaire indépendante du Land et de réaliser finalement la sortie du nucléaire.) Robert Jungk a appelé « État atomique [Atom-Staat] » ce système étatico-social centralisé, rigide et non-démocratique qui promeut l’énergie nucléaire[13]. Bien sûr, comme la France, le Japon est aussi un « État atomique » qui a un système bureaucratique puissant. Nous avons appelé « démocratie contrôlée » cette gouvernementalité centralisée pro-nucléaire qui s’appuie sur la logique de l’État et du capital. En ce sens, la sortie du nucléaire est le problème de la démocratie dans la mesure où elle n’est rien d’autre qu’un moyen pour transformer la « démocratie contrôlée » en démocratie radicale associée avec des éléments de la démocratie directe.

    Le système bureaucratique essaie d’exécuter la même politique, même si l’accident nucléaire catastrophique a eu lieu. L’« État atomique » et son système bureaucratique sont essentiellement rigides, dans la mesure où ils ne changent ni leur présupposition ni leur principe, même après un accident nucléaire catastrophique. La politique de l’énergie nucléaire est essentiellement contrôlée par le METI et non par le gouvernement. Le caractère rigide et non-démocratique du système bureaucratique ne change jamais sans l’inspection et le contrôle de l’extérieur. Il faudrait donc établir le système de comité citoyen, indépendant du système bureaucratique, pour inspecter et contrôler la politique planifiée par celui-ci, et pour détruire ainsi son caractère rigide et non-démocratique.

    C’est ainsi que la sortie du nucléaire n’est pas un problème technique, mais un problème politique. Il s’agit de transformer la « démocratie contrôlée » par la démocratie représentative et le système bureaucratique qui suit la logique de l’État et du capital, en démocratie radicale décentralisée qui est associée avec des éléments de la démocratie directe et qui ne s’appuie plus sur la logique de l’État et du capital.

    Le Japon a déjà introduit le système feed-in tariff, mais sous le système du monopole local de l’électricité, les neuf compagnies d’électricité limitent la capacité acceptable de l’énergie renouvelable, ce qui restreint le développement de cette énergie. Le Japon doit donc assurer le principe de la connexion préférentielle de l’énergie renouvelable au réseau électrique par une mesure législative. Si ce principe n’existe pas, on ne peut pas suffisamment utiliser l’énergie naturelle malgré l’abondance des ressources énergétiques naturelles du Japon. Il y a, au Japon, une énergie renouvelable potentielle si riche que la seule énergie éolienne peut produire toute l’électricité nécessaire. Si l’utilisation des ressources énergétiques naturelles est intentionnellement limitée, c’est parce que l’« État atomique » et les compagnies d’électricité veulent maintenir l’énergie nucléaire et le système politico-social centralisé.

    Au Japon, la libéralisation du marché d’électricité a commencé depuis avril 2016. Mais de notre point de vue, celui de la logique de l’État et du capital, cette libéralisation ne doit pas être le passage au fondamentalisme de marché. Pour promouvoir l’énergie renouvelable, il est nécessaire de séparer les compagnies de production énergétiques de celles du réseau électrique. Nous proposons alors de restructurer le réseau électrique comme organisation publique ou « capital commun social » (Kobun Uzawa)[14] et de connecter l’énergie renouvelable au réseau électrique de manière préférentielle.

    Pour détruire le système de production énergétique massif et centralisé réalisé par l’énergie nucléaire, il faut multiplier les centrales d’énergie renouvelable organisées par les citoyens, et par là, transformer le système de production énergétique massif et centralisé en un système plus décentralisé. La ressource énergétique naturelle est la propriété de la région, et elle doit donc être utilisée par les citoyens qui y habitent. Pour cela, le système feed-in tariff oblige à la compagnie d’électricité d’acheter l’électricité produite par les ressources naturelles à prix fixe, ce qui minimise le risque économique et ainsi encourage les citoyens à utiliser les ressources naturelles.

    En Allemagne, beaucoup de collectivités locales possèdent le Stadtwerk (atelier municipal), et celui-ci produit et distribue souvent l’électricité avec des sociétés coopératives de citoyens. De ce point de vue, les collectivités locales doivent aider à organiser les centrales d’énergie renouvelable de manière économique, institutionnelle et technique, et à les diriger avec les citoyens.

    Le système feed-in tariff assure un revenu stable aux organisateurs et associés des centrales d’énergies renouvelables. Si les citoyens fondent les centrales d’énergie renouvelable et les dirigent avec les collectivités locales, cela permettra de faire circuler dans leur région les fonds énormes payés aux grandes entreprises d’électricité situées au centre. Avec ce système, on peut réactiver l’économie régionale sans dépendre des grandes entreprises situées au centre, et détruire finalement la « discrimination structurelle ».

    L’énergie nucléaire n’est pas un simple système de la production énergétique : elle ne peut ni être séparée de la production de l’arme nucléaire (puisqu’elle produit le plutonium, matière de l’arme nucléaire), ni de la « démocratie contrôlée », c’est-à-dire la gouvernementalité centralisée qui s’appuie sur la logique de l’État et du capital (l’État industriel et militaire). D’où ces trois points importants qui suivent : 1) abandonner la gouvernementalité centralisée s’appuyant sur la logique de l’État et du capital, et réaliser la sortie du nucléaire et le système de production énergétique décentralisé et ainsi transformer le système politico-social centralisé (« État atomique » ou « démocratie contrôlée ») en un système plus décentralisé ; 2) détruire la « discrimination structurelle », c’est-à-dire le rapport de pouvoir irréversible entre le centre et la périphérie, par la coopération des citoyens et de la collectivité locale pour organiser et diriger les centrales d’énergies renouvelables et faire circuler dans la périphérie les fonds actuellement payés aux grandes entreprises d’électricité situées au centre ; 3) établir une nouvelle forme de démocratie ou de démocratie radicale qui introduit et l’initiative populaire et le système de comité citoyen qui se charge d’inspecter et de contrôler le système bureaucratique. L’énergie nucléaire est un système de production énergétique massif et centralisé qui s’appuie sur la technologie de l’arme nucléaire qui est une arme de destruction massive, et elle a donc des affinités avec la gouvernementalité centralisée et non-démocratique qui se fonde sur la logique de l’État et du capital (« État atomique » ou « démocratie contrôlée »). Si cette technologie nucléaire si dangereuse est confiée aux entreprises privées, c’est parce que l’« État atomique » les soutient. Par contre, la production énergétique grâce aux énergies renouvelables a des affinités avec le système décentralisé. En plus, la réalisation de la sortie du nucléaire n’est pas séparée de celle des éléments de la démocratie directe comme l’initiative populaire et le système de comité citoyen qui se charge d’inspecter et de contrôler le système bureaucratique. Elle signifie donc la transformation de l’« État atomique » ou de la « démocratie contrôlée » en démocratie radicale. C’est exactement ce système politico-social décentralisé associé à des éléments de la démocratie directe que nous proposons dans notre livre sur la Philosophie de la sortie du nucléaire.


[1] Hans Jonas, Das Prinzip Verantwortung: Versuch einer Ethik für die technologische Zivilisation, Insel, 1979; Suhrkamp, 1984, pp. 22-38; Le Principe responsabilité, tr. fr., Flammarion, coll. « Champs essais », 2013, pp. 27-42.

[2] Ibid., pp. 227-228; tr. fr., pp. 243-244.

[3] Jacques Derrida, Les Spectres de Marx, Galilée, 1993, pp. 59-69.

[4] ICRP, « Fukushima Nuclear Power Plant Accident », le 21 mars 2011. http://www.icrp.org/docs/Fukushima%20Nuclear%20Power%20Plant%20Accident.pdf

[5] Sur la zone d’évacuation d’après le mars 2017, voir ce tableau : « Evacuation zone as of March 10, 2017 », http://fukushimaontheglobe.com/wp-content/uploads/Evacuation-zone-03102017.pdf

[6] Cécile Asanuma-Brice, « Au-delà du réel – ou – Quand le concept participe de la création d’un espace idéal illusoire : de la gestion des flux migratoires par un État nucléariste dans un contexte de catastrophe nucléaire », Citizen-Scientist International Symposium on Radiation Protection, 2014. http://csrp.jp/posts/1896

[7] Joachim Radkau, « Eine kurze Geschichte der deutschen Antiatomkraftbewegung », in Bundeszentrale für politische Bildung, hrsg., Ende des Atomzeitalters?: Von Fukushima in die Energiewende, 2012.

[8] Toutes les centrales nucléaires au Japon étaient arrêtés entre mai et juillet 2012, et entre septembre 2013 et août 2015, mais l’électricité était suffisamment fournie pendant ces périodes.

[9] D’après le sondage du journal quotidien Asahi Shimbun daté de mars 2014. Voir « Genpatsu saikadô hantai 59% » (59% des Japonais sont opposés au redémarrage des centrales nucléaires), Asahi Shimbun, le 18 mars 2014.

[10] Cf. Tadashi Imai, Genpatsu Kokumin-tôhyo (Le référendum sur l’énergie nucléaire), Shuei-sha, 2011.

[11] D’après interview de Tadashi Yoshioka : « Keisansyo-an « Genpatsu hiritsu 20-22%” wa higenjitsuteki da (Le projet du METI concernant “le taux de l’Énergie nucléaire 20-22%” est irréaliste) », Toyo-keizai online, le 2 mai 2015. http://toyokeizai.net/articles/-/68379

[12] Cf. Hannah Arendt, On Revolution, The Viking Press, 1963; Penguin Books, 1990, Ch. 6 “The Revolutionary Tradition and Its Lost Treasure”.

[13] Robert Jungk, Der Atom-Staat: Vom Fortschritt in die Unmenschlichkeit, Kindler, 1977; L’état atomique: Les retombées politique du développement nucléaire, tr. fr., Robert Laffont, 1979.

[14] Cf. Kobun Uzawa, Shakaiteki-kyôtsu-shihon (Capital commun social), Iwanami-shoten, 2000.

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